LOUIS DUPONT

Le Flynn effect est un phénomène qui a été documenté par le politologue James R. Flynn, qui a popularisé ce sujet dans les années 1980.

Le Flynn effect, c’est le constat que le score moyen aux tests de QI a augmenté pendant une partie du XXᵉ siècle. Concrètement, si on faisait passer aujourd’hui un ancien test de QI à des jeunes aujourd’hui, ils obtiendraient en moyenne de meilleurs scores qu’autrefois.

Comment calcule t-on cette augmentation ?

Le Flynn Effect s’observe par ordre de grandeur. On remarque environ 2 à 3 points de QI par décennie. Comme les éditeurs « renormalisent » régulièrement les tests pour que la moyenne reste 100, on ne voit pas cette hausse dans le score brut du QI actuel. Elle apparaît quand on compare les générations sur une même version de test.

Les progrès sont particulièrement nets sur les tâches d’« intelligence fluide », c’est- à dire : repérage de motifs, raisonnement abstrait, puzzles visuels (ex. matrices de Raven). Les progrès sont plus faibles sur des épreuves très scolaires (vocabulaire, infos de culture générale), ce qui suggère une meilleure aisance avec la résolution de problèmes plutôt qu’un simple « plus de connaissances ».

Les causes probables :

Pas de cause unique. Un faisceau de plusieurs facteurs : amélioration de la santé périnatale, scolarisation plus longue, environnements quotidiens plus « cognitivement denses » , familles plus petites et davantage de temps/adultes par enfant. Chacun contribue un peu ; ensemble, ils déplacent la moyenne.

Un QI plus élevé aujourd’hui ne signifie pas que « notre cerveau a évolué génétiquement » en quelques décennies : c’est beaucoup trop court. L’effet Flynn mesure des performances à des tests spécifiques, sensibles au contexte socio-éducatif. Il ne dit pas que chaque individu devient « plus intelligent » en vieillissant. Il compare des cohortes nées à des époques différentes.

L’effet inverse du Flynn Effect

Enfin, il faut évoquer l’« effet Flynn inversé ». Depuis les années 1990–2010, plusieurs pays observent un ralentissement, voire un léger recul des scores moyens de QI. Ce n’est pas une « baisse de l’intelligence », mais le miroir de la sensibilité à nos contextes de vie. Quand l’école, la santé publique, le sommeil, l’exposition aux toxiques se dégradent pour une partie de la population, les performances stagnent. Le phénomène n’est ni universel ni uniforme. Il touche surtout des tâches de raisonnement abstrait et varie selon les pays et les milieux sociaux. Le message à retenir est pragmatique : l’intelligence mesurée n’est pas figée. Elle suit nos environnements, à la hausse comme à la baisse. Cela qui redonne un rôle central à l’éducation, à la prévention santé et à la réduction des inégalités.